Monsieur le Maire,

J’introduirai mon propos par une image forte : Vous allez dans le mur et vous accélérez. Ce n’est pas faute de vous avoir prévenu.

Le risque climatique n’est plus théorique. Il est réel. Il nous impose avant tout de préserver la sécurité de nos concitoyens et des constructions.

Le vendredi 6 mai 2016, lors de la discussion du Plan Local d’Urbanisme en conseil municipal, je vous indiquais : »la seule contrainte sera le défi climatique. La nature s’impose à nous. La montée des eaux de 40cm dans les 50 prochaines années renforce notre appréhension sur la pérennité des constructions sur la bande côtière et aux bords des cours d’eau. »

Mes propos n’ont pas été entendus et vous vous êtes lancés en 2016, avec le Plan d’urbanisme local, dans des projets faramineux de construction de 8 950 logements sur un territoire particulièrement exposé au ruissellement, aux inondations et à la submersion marine.

Pourtant le sujet n’est pas nouveau. L’Etat en 2012 avait invité la ville d’Hyères à participer à un appel à projet pour « l’expérimentation de la rélocalisation des territoires exposés aux risques littoraux ». En 2014, vous avez décidé d’abandonné le processus en cours de route arguant que les problèmes hyérois n’étaient pas aussi importants que sur les autres sites…

Par ailleurs dès le 28 avril 2017, soit moins d’un an après l’adoption du PLU, vous disposiez d’un premier porter-à-connaissance du Préfet sur la prévention du risque de submersion.

Le 19 février 2018, en Mairie du Pradet, sous l’égide du syndicat des communes du littoral varois, les conclusions de l’étude BRGM vous ont été présentées.

J’observe, qu’à aucun moment, les élus du conseil municipal n’ont été informés du premier porter-à-connaissance et vous avez pourtant délivré de nombreuses autorisations à construire, comme les Salins, en bord de mer. Qu’en est-il du principe de précaution?

Aujourd’hui le courrier du Préfet du 15 mars 2019 vaut « porter-à-connaissance » au titre de l’article L.132-2 du code de l’urbanisme. Ce PAC fixe les principes de constructibilité applicables à la réalisation de tout type de construction, d’ouvrage, etc.. Ce PAC est d’application immédiate sans nécessité de mise à jour du PLU.

Nous voilà donc revenu à notre discussion du 6 mai 2016 avec deux contraintes.

Mesurer le risque de sécurité publique des bâtiments ou aménagements visés par le PAC, tout en sachant que nous ne disposons toujours pas du schéma directeur de ruissellement de la commune, ni d’un plan de prévention du risque inondation actualisé. La juxtaposition de ces trois risques nous donnera la vraie contrainte climatique pour les années qui viennent.

2. Aménager la ville, demain, sous la contrainte climatique. Le moment venu n’est pas de négocier, mais de réorienter complètement votre plan local d’urbanisme. Hyeres dispose d’un patrimoine naturel exceptionnel, préservons-le et mettons le en valeur.

Arrêtons d’imperméabiliser les sols et redonnons du foncier à l’agriculture pour renforcer les circuits courts et la qualité des produits. Proposons un plan stratégique alimentaire comme à Brignoles et une zone agricole protégée comme à La Garde.

Reconstruisons la ville sur la ville avec 3000 logements accessibles (et non pas 9000) pour les hyerois et dans les zones commerciales qui ne cessent de gaspiller l’espace et de vider nos centres-villes.

Améliorons les infrastructures de transport pour limiter la circulation automobile et la pollution de l’air avec un tramway comme à Nice et un plan vélo comme à La Rochelle.

Cela ne fait que 5 ans que notre Groupe politique le répète dans ce conseil. En conclusion, nous nous réjouissons que l’Etat affirme son autorité et son pouvoir de préserver l’intérêt général. Nous sommes disposés à travailler en commission avec les services de l’Etat et de TPM trouver le bon équilibre entre la préservation du patrimoine naturel et l’aménagement de la ville.

 » Il est grand temps de reconnaître à la Nature le magistère absolu d’être la garante de toute vie.

Oublier ce caractère irrévocable condamne nos efforts à n’avoir aucun lendemain…  »

Pierre Rhabi