Monsieur le Député Maire, mes chers collègues
Vous nous avez présenté la délibération relative à l’approbation du PLU de la ville de Hyères. Nous vous avions adressé à l’issue de l’enquête publique un courrier, le 12 novembre 2016, précisant en 10 points ce qui devaient être pris en compte pour obtenir notre soutien. Nous n’avons pas reçu de réponse. Nous venons d’entendre votre intervention, vous ne nous avez pas convaincu et nous allons voter contre votre PLU.
Pourquoi ?
Parce que Hyères doit protéger ses terres agricoles et son environnement, pour les générations futures. Cette terre est précieuse, rare et nourricière. Le plan local d’urbanisme (PLU) planifie le développement de notre territoire. Or vous vous fixez un objectif de croissance en 10 ans, d’environ 8 350 logements, soit autour de 26 000 habitants en plus. Avec cette orientation, Hyères deviendrait en 2027 une ville de 83 000 habitants. Cette croissance démographique agressive menacera notre agriculture, nos espaces protégés et notre qualité de vie. Elle se traduira par un engorgement des infrastructures de transport, déjà saturées, avec près de 15000 véhicules supplémentaires et des équipements publics nouveaux qui ne figurent dans le PLU.
Votre préoccupation serait, pour partie, de répondre à l’injonction du Préfet et de construire 3 350 logements accessibles, pour atteindre les 25% imposés par la loi SRU. Intention louable au regard de la difficulté de se loger à Hyères. Cependant, nous avions déjà évoqué la possibilité de comptabiliser les logements des foyers pour les personnes âgées et les logements de la défense comme logements accessibles. Par ailleurs, nous pensons qu’un effort significatif d’aménagement et de réhabilitation de la vieille ville pourrait libérer environ 1000 logements accessibles sur plus de 2 846 vacants. Avec cette orientation, Hyères devrait atteindre les 20% de logements accessibles tout en préservant l’urbanisation de notre territoire. Ce n’est pas assez, mais au regard de la situation des logements accessibles de Carqueiranne, 5,69%, de La Crau 5,21% et du Pradet 8,11%, nous rappellerons que dans le cadre de la Métropole, les 25% de la loi SRU seront calculés pour l’ensemble des communes adhérentes. Ce sera alors, le moment d’en débattre et de repartir les efforts entre les communes, Hyères pouvant devenir le pôle environnemental de la Métropole.
Cette urbanisation forcée a été confirmée par les avis défavorables de la chambre d’agriculture du Var « absence d’évaluation des impacts agricoles du projet de développement »et de l’ Institut national d’appellation d’origine (INAO) « le PLU est consommateur d’espace de l’aire AOC ». Plus grave, l’autorité environnementale ne donne pas d’avis, mais précise « l’évaluation environnementale du projet de PLU semble optimiste à l’égard des extensions urbaines et de leurs incidences ». Les conclusions de ces organismes auraient dû vous conduire à corriger votre projet.
J’ajouterai deux remarques pour le quartier des Rougieres et le Val des Rougieres.
La ZAC du quartier des Rougieres serait un eco-quartier exemplaire. C’est un espace menacé par les inondations. Vous vous êtes engagés à ne construire en imperméabilisant que 15% des surfaces et en préservant 60% des espaces verts, pour des logements R+3. Sur cette base, il nous paraît difficile de construire 1 000 logements. Comment allez vous faire? Vous n’évoquez pas les deux passerelles, le parking de dissuasion de 1 000 places et les navettes pour accéder au centre-ville.
Le Val des Rougieres : nous avons été les seuls à nous étonner de l’absence de projet dans le PLU pour ce quartier. Nous réitérons notre demande. L’urbanisme dessine, voir définit, la vie sociale et les comportements de nos concitoyens. Si pour les 10 prochaines années, vous n’investissez pas dans ce quartier de plus de 3 000 habitants, nous irons collectivement devant de très mauvaises surprises. Pourquoi ne pas prendre l’exemple des maires de Melun ou de La Seyne pour reconstruire avec les habitants un quartier plus ouvert, plus intégré, plus attractif?
Enfin deux réflexions : nous regrettons l’absence d’emprise foncière pour le Plan de Déplacement Urbain et en particulier pour le BHNS lorsqu’il pénètre en ville et pour le site propre de transport entre les Salins, l’Ayguade, L’Aéroport, le Port et la Gare. L’axe aéroport/gare de Hyères/gare de Toulon doit être une priorité absolue, comme l’ouverture de la ligne maritime Port de Hyères – Porquerolles pour soulager la presqu’île et donner au Grand site sa légitimité environnementale. Nous regrettons que le PLU ne soit pas plus précis en intention, en budget et en calendrier.
La ville ne s’est pas donnée d’outil foncier pour aménager son développement. Les acquisitions du fond régional et de la SAFER ne soutiennent pas assez l’installation de jeunes diplômés des formations agricoles. La ville ne dispose pas de société mixte d’aménagement et de construction. Vous vous en remettez aux promoteurs, sans vision d’ensemble, sans cohérence architecturale, sans possibilité de peser sur les prix des logements et donc vous en limitez l’accessibilité aux hyerois de revenus modestes.
En conclusion, ce PLU engage la ville dans un développement trop urbain qui rompt avec son histoire et surtout son avenir. C’est dans la ruralité que notre cité trouvera en partie les ressorts pour résoudre les défis de demain, car c’est dans la ruralité que Hyères s’est toujours définit.