Comment engager concrètement une démarche énergie climat?
Exemple concret proposé par cette association hyeroise présidée par M de Marco
Pour votre information.

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Lettre d’information – n°2/2019 – 22 avril 2019
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Objectifs 2019 – 2021
1. Urgence climatique

Suivi des actions en cours

Plusieurs des problèmes de la vie à Porquerolles pour lesquels nous nous battions depuis longtemps, ont reçu ces deux dernières années des solutions, apportées par la municipalité de Hyères que nous tenons à remercier pour avoir tenu ses engagements. Parmi ces réalisations : maintien de la garderie – maintien des activités essentielles de la Poste – livraison de la salle des associations à la maison du commandant fin 2018 – accélération des travaux du nouveau cabinet médical pour mise en service avant le fin de cette année – mise en service du sealine prévue pour fin 2021 et réfection du réseau sanitaire – aménagements de la Place d’Armes, etc.

D’autres dossiers demeurent en attente, comme les réaménagements du port, de la zone artisanale et l’entrée du village. Si la prévention incendie a progressée, il reste encore beaucoup à faire face au risque accentué par le réchauffement climatique. Enfin, si de premiers projets sont annoncés pour une meilleure régulation de la fréquentation de l’île en période estivale, le problème reste entier pour le moment. Nous suivrons attentivement ces dossiers en 2019.

Engagement de la démarche SMILO

Comme déjà annoncé, nous allons focaliser les actions de notre association pour les trois années à venir sur la mise en œuvre de la démarche Smilo qui porte sur les cinq thématiques majeures pour la vie de l’île : – Alimentation en eau et assainissement – Énergie et climat – Déchets – Paysages et patrimoine culturel – Biodiversité et Écosystèmes

Notre association participe au comité insulaire de Porquerolles qui réunit les principaux acteurs publics et privés et assure le pilotage de la démarche et des actions à mettre en œuvre. Le comité a commencé à valider le diagnostic Smilo pour Porquerolles et à examiner les plans stratégiques pour les thématiques Déchets, Eau et assainissement – Paysages.

Cette lettre présente nos propositions pour la thématique « Energie-Climat ».
Les lettres suivantes présenteront nos propositions pour les autres thématiques.

PLAN STRATÉGIQUE « ÉNERGIE-CLIMAT » SMILO
PROPOSITIONS DES AMOUREUX DE PORQUEROLLES

Chacune des cinq thématiques de la démarcher Smilo comporte un diagnostic de la situation à partir duquel sont ensuite définis en commun par le comité insulaire de l’île : les Enjeux – les Objectifs prioritaires atteignables en 3 à 5 ans maximum – les Opérations concrètes à mettre en œuvre pour atteindre ces objectifs.

Diagnostic énergie-climat

Un Audit énergétique est en cours, sous l’égide du Parc national, pour l’ensemble des activités de l’île : diagnostic général (analyse des différentes consommations, de la sécurité électrique, émissions carbone, etc.), définition d’un plan d’action et mise en œuvre des actions de transition énergétique sur l’île (actions habitat, acteurs économiques, bâtiments publics, véhicules, etc.).

Les résultats de cet audit devraient être présentés dans les prochaines semaines et permettre de préciser et de compléter les premières réflexions et propositions de solutions que notre association avait déjà présentées en 2017 (cf. lettre d’informations n°10/2917 du 27 août 17).

Urgence climatique

Tous les clignotants du dérèglement climatique sont au rouge. Ses impacts affectant aussi les thématiques Eau, Biodiversité, Paysages, nous avons décidé de faire de l’urgence climatique, notre priorité absolue.

Dans son rapport spécial publié en octobre 2018 sur les conséquences d’un réchauffement de la température de la planète supérieur à 1,5°C, le GIEC : augmentation de la fréquence des intempéries météorologiques et de leur gravité, sécheresses ou inondations, atteintes à la biodiversité terrestre et marine, extinctions d’espèces animales et végétales, impacts sur la santé et l’alimentation, sur les migrations, risques incendie, (voir annexe 1). Les émissions de GES se sont poursuivies et les dégâts causés se sont accélérés en quantité et en gravité.

À Porquerolles, à part la multiplication de petits véhicules électriques, sans pour autant véritable disparition des vieux moteurs thermiques, aucune action n’a été entreprise pour améliorer la situation. Plus surprenant, pour une île bénéficiant de 300 jours de soleil par an, toutes les tentatives pour installer des panneaux ou des chauffe-eau solaires se sont heurtées à des oppositions administratives systématiques. Pourtant, comme toutes les îles, et en notre qualité d’espace naturel exceptionnel, nous sommes particulièrement sensibles à ces conséquences des changements climatiques.

Que peut faire Porquerolles à son échelle ?

Certes, la France ne représente qu’une toute petite partie des émissions de gaz à effet de serre de la planète, et Porquerolles, une toute petite partie de celles de l’hexagone. Mais, pour gagner la bataille, le moindre progrès compte. Nous sommes tous concernés. Chacun doit participer à l’effort général.

En outre, une petite île peut obtenir plus rapidement des résultats spectaculaires, par exemple en se fixant pour objectif d’atteindre l’autonomie énergétique au plus tard en 2050, par les énergies renouvelables (voir exemples en annexe 2).

Tous les acteurs publics et privés de Porquerolles doivent se mobiliser et contribuer activement aux actions de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de réduction de la consommation d’énergie finale par une meilleure efficacité énergétique, et de développement des énergies renouvelables.

Les territoires s’avèrent être l’échelon le plus efficace pour obtenir des résultats rapides par la mise en synergie des compétences et moyens respectifs des collectivités, des acteurs économiques, agricoles et forestiers, et de la société civile.

Enjeux (proposition pour le programme Smilo Porquerolles)

– Limiter les impacts négatifs du dérèglement climatique sur la santé, la sécurité des biens matériels et des personnes, sur la préservation des espèces animales et végétales, sur le risque de pénurie en eau, sur le risque incendie, etc.

– Créer des opportunités positives de réduction des coûts, de création d’activités nouvelles et d’emplois

Objectifs prioritaires (atteignables dans les 3 à 5 ans)

Contribuer à notre échelle locale à l’atteinte des objectifs nationaux :

Réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % entre 1990 et 2030 et de 75% en 2050.
Réduire la consommation finale d’énergie de 20% en 2030, par rapport à 2012, et de 50% en 2050.
Porter la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie à 32% en 2030, avec un objectif intermédiaire de 23% en 2020, et de 100% en 2050

Opérations proposées pour atteindre ces objectifs

Ces premières propositions d’actions seront complétées après les conclusions finales de l’audit énergétique

4.1. Analyser les plans climat-air-énergie territoriaux (PCAET) des différentes collectivités dont Porquerolles relève (Région Sud, Métropole TPM, Préfecture du Var, Département du Var, Mairie de Hyères, Parc national de Port-Cros).

Prendre connaissance des objectifs et actions inscrits dans ces PCAET, et comment chacune de ces instances pourrait apporter son soutien technique et/ou financier pour la réalisation des objectifs climat-énergie de l’Île.

4.2. Réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’île.

Les émissions de GES par la combustion des énergies fossiles (essence, fuel, charbon, gaz…) sont la cause principale des dérèglements climatiques, en particulier celles des transports.

Remplacer, par un plan progressif sur 5 ans, les véhicules à moteurs thermiques des véhicules électriques, hybrides ou à hydrogène.

2020 : véhicules légers
2022 : camionnettes
2025 : camions

4.2.2. Ne pas augmenter le nombre de véhicules autorisés sur l’île, et si possible les réduire ou limiter leur circulation non indispensable.

4.2.3. Prévoir la conversion des navettes de transport maritime du fuel vers l’énergie électrique ou l’hydrogène au plus tard en 2025 (à inclure dans la future DSP).

4.2.4. Inciter à l’équipement des bateaux de plaisance en panneaux solaires, éclairage par ampoules LED, et passage progressif à la motorisation électrique. Devrait devenir un critère pour « Bateau bleu », pour les places au port et pour le mouillage réglementé sur bouées.

4.2.5. Pour la consommation électrique personnelle et professionnelle, inciter les habitants et les commerçants à opter pour les fournisseurs « d’énergie verte ».

4.2.6. Voir comment l’Opération grand site (OGS) de la Presqu’île de Giens, qui vient d’être validée par le Ministère peut contribuer à la part de réduction des émissions de GES par l’ensemble des véhicules venant et repartant de Porquerolles.
Réduire la consommation d’énergie

4.3.1. Organiser rapidement avec l’aide des collectivités territoriales et l’ADEME des séances d’information et de conseils pour les habitants et les commerçants de Porquerolles sur les aides financières disponibles pour améliorer l’efficacité énergétique des logements (isolation, chauffage…) ou pour changer de véhicule.

4.3.2. Sensibiliser par des campagnes de communication les habitants, résidents, usagers, et professionnels aux économies d’énergie et à l’efficacité énergétique, par la modification des pratiques et des comportements.

4.3.3. Engager un programme d’isolation des bâtiments publics et privés.

4.3.4. Améliorer l’efficacité énergétique des équipements des hôtels et des restaurants (cf. recommandations de l’audit énergétique).

4.3.5. Régler les éclairages publics du village et du port en tenant compte des besoins de sécurité, mais aussi des horaires en fonction des périodes de l’année.

Engager la production d’énergies renouvelables sur l’île

5.1. Au lieu d’une île fortement en retard, faire de Porquerolles un exemple et un lieu de démonstration et d’expérimentation de différentes technologies d’énergie renouvelables.

5.2. Face à la gravité des enjeux il faut complètement revoir les principes et les décisions qui jusqu’à présent freinaient l’installation de panneaux solaires ou d’éoliennes expérimentales au nom de la protection architecturale ou du paysage. Les priorités de l’État et de la société ont changé. Les actes doivent suivre.

5.3. Lancer dès cette année l’installation des panneaux solaires sur la zone artisanale.

5.4. Demander dès maintenant aux propriétaires de voiture électrique d’installer des panneaux solaires pour assurer leur recharge.

5.5. Promouvoir les installations de chauffage et d’eau chaude solaires dans les hôtels, les copropriétés.

5.6. Examiner les possibilités de récupération de la chaleur des eaux usées.

5.6. Tester des éoliennes à axe vertical, pouvant s’intégrer au paysage de Porquerolles.

Toutes ces activités peuvent être créatrices d’emplois locaux.
Etudes à mener

Demander aux consultants engagés par le PNPC pour l’étude du Plan paysage de l’île, de faire des recommandations pour allier la politique paysagère de l’île aux équipements de production d’énergie renouvelables, y compris l’évolution éventuelle de la réglementation.

Faire réaliser une étude des résultats des tuiles céramiques photovoltaïques italiennes et de celles de Tesla Solar alliant production d’énergie solaire et respect du caractère architectural local.
Pourrait faire l’objet d’une opération pilote pour la zone artisanale.

Organiser, notamment avec les autres îles de Smilo, une veille technologique des diverses expériences d’énergies renouvelables des îles et villages côtiers ou de montagne, de leurs résultats et retours d’expérience.

Lancer une étude pour le dégroupage des livraisons par camions en amont de la presqu’île de Giens avec répartition ciblée des destinataires pour transfert sur l’île par des petites camionnettes électriques. Prise en compte de la chaîne du froid.

Examiner les moyens pour accueillir à Porquerolles des expérimentations de nouvelles approches ou de nouvelles technologies pour les énergies renouvelables et le stockage de l’énergie.

Adaptation au changement climatique

Nous sommes entrés plus vite que prévu dans la phase où, parallèlement aux mesures d’atténuation des causes du dérèglement climatique, il nous faut concevoir et prendre des mesures d’adaptation à ses conséquences sur la végétation, la mer, les espèces animales, la santé, la sécurité, l’économie, le tourisme, les catastrophes météo, les risques d’incendie, etc.

Suivre et développer les travaux du groupe d’étude du Parc national sur les effets du changement climatique sur le territoire du PNPC.

Mettre en place une réflexion sur l’anticipation des moyens d’adaptation aux différentes conséquences de ces changements pour Porquerolles.

Faites-nous part de vos commentaires, critiques, suggestions, pour préciser et compléter ces premières réflexions pour enrichir les propositions qui seront débattues par le comité insulaire. Merci

Annexe 1

Les dangers du réchauffement climatique à 1.5 degrés (rapport du GIEC 08/10/2018)
Fonte des glaces et hausse du niveau de la mer
Élévation des températures terrestres et augmentation de la fréquence et de l’intensité des canicules (en particulier en Amérique du Nord, en Europe du Sud, en Asie centrale et occidentale ainsi que dans les régions tropicales)
Multiplication des évènements météorologiques extrêmes (tempêtes, cyclones, sécheresse, mais aussi incendies, glissements de terrain)
Diminution de la quantité et de la qualité des ressources en eau
Désoxygénation et acidification des océans, résultant en une diminution de la biodiversité marine (donc des ressources de la pêche)
Changements importants dans la répartition des précipitations (sécheresses à certains endroits, inondations à d’autres)
Destruction de certains écosystèmes (régions humides, écosystèmes côtiers, écosystèmes méditerranéens, forêts boréales)
Disparition de la biodiversité (jusqu’à 6% des insectes, 8% des plantes et 4% des vertébrés verraient leur habitat devenir majoritairement invivable à cause du réchauffement climatique)
Diminution de la productivité agricole (en particulier pour les productions céréalières, mais aussi végétales)
Le GIEC note aussi que l’ensemble de ces phénomènes sont en interaction réciproque. Il est donc possible que ces phénomènes s’auto-entretiennent et s’alimentent entre eux, aggravant encore les situations envisagées par les prédictions climatiques.
Annexe 2

Il est possible de tendre vers 100% d’autonomie énergétique de Porquerolles en 2050 par les énergies renouvelables.

Des îles dans le monde commencent à réaliser cet objectif d’autonomie énergétique par les renouvelables. Plusieurs pays européens et en Amérique du sud sont également très avancés dans cette voie.

En 2017, l’Europe a atteint 30% de production d’électricité par les énergies renouvelables, avec 100% pour le Portugal pour le mois de mars 2018, 74% pour le Danemark, 56% pour l’Allemagne et la Grande Bretagne, et seulement 8% pour la France qui reste dans le peloton de queue avec la Bulgarie et la Slovénie. Encore freinés par les manœuvres retardataires des énergies carbonées et de l’industrie automobile, par les investissements dans le nucléaire, par la lourdeur et la non adaptation des procédures administratives par rapport à d’autres pays, nous prenons du retard dans les différentes formes d’énergies renouvelables.

Quelques exemples (datant de 2017) :

Molène, Ouessant et Sein, trois îles au large du Finistère ont donné fin 2016 le coup d’envoi à un programme de transition énergétique hydrolienne avec l’objectif d’être alimentées en énergies 100% renouvelables d’ici 2030. A terme, le programme lancé sur les trois îles a vocation à être décliné dans douze des îles réunies au sein de l’Association des îles du Ponant.
Autre exemple, proche de Porquerolles : la ville de La Seyne sur Mer a réalisé une installation de thalassothermie qui récupère les calories contenues dans l’eau de mer pour le chauffage de locaux publics et de logements.
L’île espagnole d’El Hierro, dans l’archipel des Canaries, a inauguré en 2014 une centrale hydro éolienne lui permettant de devenir la première île au monde totalement autonome en électricité grâce aux énergies renouvelables.
L’île de Sifnos (Grèce), membre de « SMILO », l’association des petites îles durables, dont les îles d’Or sont partenaires, a engagé un programme « 100% énergies renouvelables ».
L‘Islande, l’Ethiopie, la Norvège, le Costa Rica, le Brésil et l’Uruguay produisent plus de 50% d’énergie renouvelable et visent l’indépendance énergétique totale
L’Union européenne s’était fixé l’objectif de 20% énergies renouvelables en 2020 (décliné en objectifs nationaux différents) et 27% en 2030. En 2015, plusieurs pays dépassaient déjà largement ces objectifs. La Suède affichait 53,9%, la Finlande 39,3%, la Lettonie 37,6%, l’Autriche 33,0%, le Danemark 30,8%.