Monsieur le Député Maire
Vous nous soumettez votre rapport d’orientation budgétaire pour l’année 2017. Ce document appelle de notre part plusieurs remarques.
D’abord le contexte français et européen. Les efforts importants de réduction des dépenses publiques de -50 milliards d’€ demandés aux français par le Gouvernement commencent à payer. Le déficit public est passé entre 2012 et 2016 de 4,8% à 3,3% du PIB et avec une projection de 2,7% en 2017.
La croissance se redresse mais elle reste fragile 1,1% en 2016 et 1,5% en 2017. Le chômage se réduit légèrement. La part des prélèvements obligatoires reste stable entre 44,7% à 44,5% du PIB entre 2016 et 2017.
Il reste cependant un endettement très significatif, autour de 2 000 milliards d’€ soit 96% du PIB. Cette dette a été stabilisée, après les augmentations très fortes de plus de 600 milliards d’€ par le Gouvernement Fillon/Sarkozy. Cependant, elle reste très élevée, dans un contexte peu favorable. Je rappelle les propos pessimistes du President de la cour des comptes : l’augmentation prévisible des taux d’intérêt, l’augmentation de la contribution de la France à l’UE suite au Brexit, et l’augmentation en 2016 des points d’indices de la fonction publique accroîtront mécaniquement les dépenses budgétaires en 2017 et 2018.
Enfin, pour souligner cette menace, n’oublions pas que la France emprunte sur le marché financier international pour sa trésorerie, l’équivalent de 200 milliards d’€/an et que le premier poste budgétaire de l’Etat, ce n’est ni l’éducation, ni la Défense mais le remboursement de l’intérêt de la dette, soit 40 milliards d’€.
Voilà des réalités que tout responsable politique doit prendre en compte, dans l’intérêt des français, de leur épargne et de leur emploi.
En ce qui concerne le budget de notre commune. Dans le rapport d’orientation budgétaire 2017, je relève que l’effort demandé par l’Etat (-50 milliards d’€), c’est traduit par une baisse de la DGF de – 5,6 millions d’€ en 5 ans. Cette baisse a été largement compensée par l’augmentation des impôts locaux entre 2015 et 2016 d’un montant de +6,1 millions d’€. Par ailleurs, les réductions des « autres charges de gestion courante » de – 2,7 millions d’€ ont été absorbées par l’augmentation des frais de personnel +3 millions d’€.
Enfin, si l’épargne brute de la commune a été reconstituée, c’est essentiellement par la fiscalité, déjà très lourde de la commune, que vous allez encore augmenter en 2017, de +0,4%.
Nous relevons l’importance des cessions, 19 millions d’€, réalisées entre 2015 et 2017. L’endettement est maîtrisé, ce qui a toujours été le cas.
Ces données appellent plusieurs questions :
Les villes de La Crau, La Garde, Le Pradet et La Londe n’ont pas augmenté leurs impôts locaux depuis 4, 5, 7 ans et continuent d’investir. Pourquoi Hyères n’est elle pas en mesure de le faire?
Les charges du personnel dans le budget passe de 46,6% à 54,4% réduisant ainsi les marges de manœuvre de la ville. Nous attendrons le rapport de la chambre régionale des comptes et l’audit du CCAS pour mieux apprécier cette situation. Mais le transfert des compétences est il suivi du transfert des moyens?
Dans ce contexte incertain, vous nous proposez pour les 3 dernières années de votre mandat, un volume d’investissements de 25,3 M d’€ pour les grands travaux. Nous y ajouterons 15 millions d’€ au titre de l’entretien de la voirie et des bâtiments, ainsi que les travaux indispensables pour prévenir les inondations. Il s’agit de sommes substantielles entre 45 et 50 millions d’€ et qui devront j’imagine, s’ajouter aux travaux pour le Plan de Déplacement Urbain (PDU), pour l’aménagement de la Gare et des zones d’activité.
Notre ville peut elle faire face à l’ensemble de ses projets? En d’autre terme, la ville ne vit elle pas au dessus de ses moyens?
Nous vous demandons de faire preuve de plus de prudence budgétaire, d’être plus sélectif dans les investissements, de rechercher plus de soutien du côté de TPM, du département, de la Région, de l’Europe, comme le fait si bien Mr Falco.
Nous souhaitons pour les hyerois entre 2017 à 2020, une très nette pause fiscale. Avant le prestige et l’image, les investissements doivent aller en priorité vers la qualité du service public (Solidarité/santé, Sécurité, education, culture), vers l’embellissement de la ville (voirie, bâtiment, équipement) et vers les dépenses d’avenir (transition énergétique, numérique, agriculture et transport).
William Seemuller