Monsieur le Député Maire,

Vous nous soumettez pour avis  la délibération 86 relative au plan de déplacements urbains, un document de 397 pages que nous avons découvert 7 jours avant le conseil. Ce projet a été arrêté par la communauté d’Agglomeration Toulon Provence Mediterranee, le 7 avril 2016.

Vous nous aviez indiqué lors du précédent conseil et en réponse à une question écrite que j’avais posée que ce projet, essentiel pour l’avenir de notre collectivité, ferait l’objet d’une concertation avec les CIL et la population pour bien articuler le PLU et le PDU garant de la mobilité de nos population.

Vous nous aviez indiqué que le conseil municipal tiendrait une réunion dédiée en présence de Mr Yannick Chenevard vice President en charge du Transport au sein de TPM.

J’observe qu’il n’en est rien. Vous passez, au milieu d’un ordre du jour chargé, un projet de 2 milliards d’€ qui engage la commune pour 10 ans en matière de transport. Encore une fois, il y a les mots et les pratiques politiques. Ne vous étonnez pas du jugement sévère que portent nos concitoyens sur des méthodes qui visent à les écarter d’une concertation utile et nécessaire pour améliorer leur vie quotidienne.

À vue de la lecture de ces 397 pages, voici nos remarques :

Le projet de PDU élaboré et « arrêté » par TPM est basé sur des données ancienne et périmées. La dernière Enquête Ménage Déplacement (EMD) remonte à 2008. Nous savons qu’une telle enquête a une validité possible de 10 ans Mais est-ce possible de dire que les chiffres de 2008 sont suffisants pour prendre en compte une Agglomeration qui a fondamentalement changé en 8 ans : croissance démographique, mise en service du 2e tube, réalisation du Pole Mer à Ollioules, développement du site de Bois Sacré à la Seyne, ouverture de l’hôpital Sainte Musse et du Centre Commercial Avenue 83? Ce PDU nous apparaît, hélas, sans fondement statistique sérieux. Une évaluation du PDU précédent a été présentée mais on se demande encore sur quelle base puisque qu’aucune étude nouvelle sur les habitudes de déplacements des personnes dans l’aire toulonnaise n’a été réalisée. Penser le futur sur des données périmées, c’est plus que risqué surtout lorsqu’il s’agit d’un projet de dépenses publiques de 2 milliards d’€.

La concertation au niveau de TPM prévue par les textes a été conduite à minima et vidée de son sens. La concertation s’est limitée à 2 réunions organisées par TPM de manière critiquable : pas de listes d’invités, pas d’ordre du jour, pas de documents remis en séance, pas de procès verbal remis aux participants, des refus fait à certains CIL d’y participer. Il s’agissait de réunions de présentation des intentions de TPM, sans écoute des représentants des professionnels et des associations, bref sans dialogue.

En dépit de l’épaisseur du dossier (397 pages), Le PDU est incomplet, imprécis, flou diront certains. Une classification des lignes de transport public apparaît avec du haut niveau de service (HNS) appliqué sans limite. Les cars VarLib seront HNS, les navettes maritimes seront HNS, il y aura des lignes HNS et même des corridors HNS et il y aura aussi des lignes « essentielles » et un réseau dit de proximité. Ces différents niveaux sont caractérisés par des fréquences : moins de 10 minutes, toutes les 20 minutes, fréquence moindre. Le précédent PDU affichait clairement une ligne de tramway de 23 km. Celui-ci n’indique pas s’il y aura entre La Seyne, Ollioules, Toulon et la Garde une ligne BHNS directe ou 4 lignes avec des correspondances. Les cartes fournies se contentent de montrer des spaghettis rouges qui s’en tortillent…Mais le « Haut niveau de service » pour un bus, ce n’est pas seulement une fréquence, c’est aussi une vitesse commerciale elle-même liée à un site propre le plus continu possible en particulier à proximité des centres villes avec des carrefours dotés de dispositifs donnant la priorité au TCSP. Or rien de précis n’est indiqué sur l’emplacement de ces portions de site propre sinon que les lignes seront en site propre là où le schéma des sites propres le spécifiera! Ce schéma n’est pas présenté, il est pourtant un élément d’appréciation du PDU.

Une critique fondamentale porte sur l’abandon du tramway. En renonçant à un projet de desserte en site propre est-ouest, TPM perd le bénéfice du confort de roulement du tramway, son exactitude et l’assurance d’un mode de transport non polluant. Le grand bus articulé appelé BHNS est émetteur de particules fines et donc néfaste pour la santé publique dans une ville connue pour son niveau élevé de pollution. Pourquoi Toulon devrait elle rester la seule grande Agglomeration sans tramway?

Le projet de PDU prévoit d’encourager l’usage du Vélo et il est proposé de passer à 400km de piste cyclable en 2025… Ce qui équivaut à la création de moins de 20km par an. C’est notoirement insuffisant et très éloigné de la pratique de bon nombre de communes et d’agglomérations. De plus le réseau actuel est très tronçonné, il convient de le structurer en rendant les axes continus, de sécuriser la totalité des pistes et de créer dès parking à vélos.

J’en viens à des considérations spécifiques à notre ville, la 3e du Var et de TPM. Nous considérons que le PDU oublie encore une fois la ville de Hyeres. Il n’y aura pas de dorsal qui reliera le centre de Toulon avec l’aéroport de Hyères. Les lignes à HNS s’arrêteront à la Garde. Les navettes qui sont actuellement gratuites risque de devenir payantes. La promotion des modes actifs et notamment du vélo reste du déclaratif. Aucune information précise, chiffrée et datée, nous est fournie pour la mise en place d’un Pole d’échange multimodale Gare et pour la liaison en site propre entre le centre ville, le port et l’aéroport. La question des parkings Gare restent ouvertes. Enfin pour la presqu’île de Giens, le calendrier et des budgets communautaires sont étroitement liés aux études du grand site, c’est à dire après 2020.

En conclusion, le bilan du précédent PDU est calamiteux. Les entrées et sorties de Toulon sont un cauchemar quotidien, la desserte par bus ne répond pas au besoin de mobilité d’une population en croissance, l’accès à la Tour Fondue est une menace pour l’environnement et une contrainte pour les centaines de milliers de visiteurs qui se rendent dans les Iles. L’aéroport n’est pas desservi et nous perdons une attractivité vitale pour notre développement. Ce nouveau PDU n’est pas le fruit d’une concertation avec les usagers et les professionnels. Ce n’est pas le moyen de développement de nos territoires, ni la prise en compte de la santé de nos concitoyens. Ce PDU n’est tout simplement pas à la hauteur des enjeux et des ambitions qui devraient être celles d’une des dix premières agglomérations françaises, qui plus est dans le premier département touristique de France. Notre avis sera donc défavorable.